La Cité Sacrée d’Anuradhapura

La Cité Sacrée d’Anuradhapura

Grosse journée de visites aujourd’hui. Nous avons trouvé LE guide pour les visites, avec son tuk-tuk. Un nom et un numéro de téléphone trouvé sur des forums, avec de belles références. On lui a envoyé un message hier, il nous a répondu, et on l’a retrouvé à l’hôtel ce matin à 7h30 pour débuter les visites.

Et ici, c’est pas une mince affaire ! Le site est immense, sur plus de 40 km2, avec pratiquement aucune information pour les pauvres touristes que nous sommes. Le faire seuls, c’était avoir l’assurance de rater la moitié des trucs intéressants, et une vraie galère juste pour trouver les routes. D’autant que malgré notre présence ici depuis plus de 15 jours, notre cingalais est toujours aussi nul 😉 et que la moitié des rares infos qui existent est dans la langue locale.

Pour arranger notre affaire, c’est dimanche aujourd’hui, jour de congé des habitants de l’île, et en plus veille de pleine lune, également jour de congé. Le site d’Anuradhapura est un des plus sacré du Bouddhisme, et ils affluent ici par milliers pour le visiter et rendre les hommages nécessaires à leur foi.

Contrairement à ce que nous avions visité en Thaïlande, dans l’ancienne capitale royale du Siam, où les ruines datent d’un millier d’années, ici, on est sur du bien plus ancien : l’ancienne première capitale royale du Sri Lanka a été édifiée entre le IIIème siècle avant JC et le IIIème siècle après. Le site a même existé jusqu’à la fin du IXème siècle, mais de façon plus sporadique.

Le site d’Anuradhapura n’a été redécouvert qu’au début du XXème siècle. Un peu à l’image des temples d’Angkor, tout ici était noyé sous la végétation.

Les ruines ici ont donc pour la plupart plus de 2200 ans et ne sont pas en très bon état. Le pays est pauvre, et il faut reconnaître que ce n’est pas non plus la première de leur préoccupation. Ceci dit, Anuradhapura est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, et une partie des fouilles est prise en charge par cette organisation.

Nous avons tous les deux quasiment instantanément oublié les noms des quelques 100 rois qui se sont succédés ici et que notre guide a égrainés au fur et à mesure de nos visites.

Pour l’essentiel, et en résumant un peu, on trouve ici les ruines des palais royaux, les ruines des temples et des habitations des moines, et des dagobas (stupas). Ces bâtiments, ici énormes, n’ont qu’un seul but, celui de conserver et de protéger les reliques de Bouddha. Et il faut bien croire que le malheureux a été découpés en de tous petits morceaux, parce que des dagobas, ici et dans le monde bouddhiste, il y en a un paquet !

Pour ajouter à la confusion, les dagobas, qui sont donc ultra vénérées ici, sont depuis quelques décennies restaurées et repeintes chaque année, alors qu’à l’origine ils restaient en briques. On a donc l’impression de voir des bâtiments très récents, alors qu’ils sont tous deux fois millénaires. Seuls deux de ces dagobas, sur demande de l’UNESCO sont conservés dans leur condition naturelle.

Le premier site que nous avons visité est le lieu de médiation des moines. Ils passaient leur temps à méditer dans ces grottes qu’ils avaient aménagées

Les petits traits creusés dans la roche servent à éviter que la pluie en ruisselant ne tombe dans la grotte. Ingénieux !

Ces trous dans le sol ont été faits par les moines qui écrasaient ici des pigments pour fabriquer leurs peintures. Les murs des grottes étaient tous peints, mais il ne reste que peu de traces.

Des lits aménagés, méditation n’excluant pas confort !

Au pied des grottes, un temple ou les habitants pouvaient venir déposer leurs offrandes.

Nous sommes ensuite partis vers le monastère d’Isurumuniya, riche de belles gravures sur le granit du site, et d’un beau bassin.

Un grand Bouddha allongé est aussi présent sur le site. Plus récent ! On a aussi appris un truc très utile : quand les gros orteils de Bouddha sont un peu décalé, c’est qu’il médite, et quand ils sont collés, c’est qu’il est mort…

Nous sommes ensuite passés devant un dagoba en construction : l’ancien président du Sri Lanka, qui souhaitait devenir roi, a entrepris en 2009 la construction de cet ouvrage tout à son honneur… Les militaires qui n’ont plus grand chose à faire depuis la fin de la guerre sont en charge de sa construction, mais les habitants les remplacent le week-end !

La direction suivante nous a amenés vers le site le plus important d’Anuradhapura : le ficus de Bouddha, l’arbre sous lequel il a connu l’éveil. En réalité, cet arbre est en Inde, mais une de ses branches a été apporté ici il y a 2300 ans, et depuis, il est toujours entretenu par la même famille. Cet arbre, qui n’a plus qu’une branche gigantesque est surveillé jours et nuits, et protégé. C’est le lieu de pèlerinage le plus important du bouddhisme au Sri Lanka.

C’est cette branche soutenue par des supports en or massif !

Nous qui aimons particulièrement la foule, nous avons été bien servis. Des milliers de pèlerins sont venus aujourd’hui déposer leurs offrandes.

Les tables d’offrandes sont très chargées… Fleurs, riz, huile de coco, équipements pour les moines : il faut montrer sa ferveur par de beaux cadeaux !

Même là, au milieu de la foule, un peu partout, des singes, des oiseaux…

Nous sommes ensuite allés visiter un des palais royaux, le plus vieux, qui date de -380. Il ne subsiste pas grand chose, mais les bassins du roi et de la reine sont toujours là et très bien conservés.

Celui de la reine. L’alcôve jaune lui servait à se changer avant et après le bain. Comble de délicatesse, pas de rideau, mais les trois trous que l’on distingue au dessus du linteau laissaient couler de l’eau qui la cachait du regard des autres.

Le bassin du roi, un peu plus petit, mais lui se baignait seul. Le bassin est entouré de gravures d’éléphants symbole de la vie.

Nous avons ensuite vu les ruines d’un des plus grands monastère de la région à l’époque, qui abritait 5000 moines. Il ne reste que les piliers de soutien, 1600 piliers de granit, sur lesquels s’élevait un bâtiment en bois de 9 étages, avec un toit en bronze. Il comportait plus de 1000 pièces. Celui que l’on voit sur la photo est une reproduction réduite de l’aspect que devait avoir ce bâtiment.

Pour nourrir tout ce monde, il fallait une cantine digne de ce nom ! Ce grand bac d’une douzaine de mètres servait à recevoir la nourriture pour les moines, moitié riz et moitié curry ! Ce sont les villageois qui les nourrissaient, les moines ne faisaient rien, que prier et méditer. Les moines bouddhistes sont toujours aujourd’hui à la charge de la société.

La salle dans laquelle ils mangeaient.

Proche de là, un grand bassin, le bassin de l’éléphant, dans lequel les moines se lavaient avant de prier. L’eau arrivait d’un des trois très grands réservoirs qui ont été creusés à l’époque.

Un système de filtration de l’eau, qui avant d’arriver dans le bassin, passait à travers du sable et du quartz.

Un des trois réservoirs géants. Nous sommes en saison sèche, et leur niveau n’est pas très haut. La saison des pluies ici s’étend de septembre à décembre. Ces réservoirs sont toujours utilisés aujourd’hui pour fournir l’eau à la ville.

Un second réservoir, un peu plus petit.

Proche de là un autre monastère, plus petit, sur le même modèle. Deux gardiens à son entrée sont toujours là depuis plus de 2000 ans.

A côté, un hôpital ayurvédique pour les moines.

Un banc de massage, et une couche spéciale pour recevoir les huiles et les traitements.

Et avant les toilettes à la turque, les toilettes à la Sri Lankaise !

Un autre palais royal à côté.

Cette pierre s’appelle la pierre de lune, et symbolise tout l’enseignement du bouddhisme, du karma à la réincarnation.

Nous avons fait le tour des dagobas de la région. On a un peu oublié les noms…

Ils sont presque tous d’un blanc immaculé ! Ils sont entièrement repeints tous les ans, entre janvier et mars, pour une grande fête qui a lieu en mars. La peinture est composée de blanc et de bleu, et on peut les confondre avec le ciel ! A l’origine, ils étaient tous en brique.

Le plus vieux, qui date du début du IIIème siècle avant JC. 17 mètres de haut. Les piliers servaient à soutenir un toit au dessus. Il renferme la clavicule droite de Bouddha !

Le plus vénéré du monde ! Édifié en 137 avant JC, il renfermerai des cheveux et des cendres de Bouddha. Il ne mesure plus que 54 mètres de haut, mais à l’origine et avant sa reconstruction par les anglais, il mesurait 90 mètres de haut.

Il est entouré de centaines de statues d’éléphants. Celles d’aujourd’hui sont en béton, mais à l’origine, elles étaient elles aussi en briques, et les défenses étaient des vraies !

Les ruines des éléphants d’époque.

Le plus haut ! Il mesure plus de 70 mètres, mais plus de 100 à l’origine, ce qui en faisait le plus haut monument du monde après les pyramides d’Égypte, jusqu’à la construction de la tour Eiffel !

Le plus large, 384 m de circonférence. Il compte environ 93 millions de briques, de quoi fabriquer un mur de 2 m de haut entre Paris et Avignon ! Bon ça ne servirait à rien mais c’est pour l’idée !

Ces dagobas à l’aspect originel ont besoin d’entretien permanent, la végétation repousse par dessus en permanence. Il y a quelques années, il ressemblait à ça :

Pour finir ce long article, quelques bêbêtes du coin…

Les belles dents d’un macaque !

Et quelques milliers de chauves-souris géantes ! Elles sont frugivores…

Allez, plus sympa pour finir…

Demain, on fait relâche ! On avait prévu de visiter un site proche, mais comme c’est le jour de la pleine lune, ça va encore être noir de monde ! On décale d’un jour, et on va profiter d’une bonne journée de vacances au bord de la piscine !

Merci à ceux qui ont eu le courage d’aller au bout de cet article 😉